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L'addiction au porno vu du cerveau

Dernière mise à jour : 14 août 2020

Tu y passes des heures sans pouvoir t'arrêter ? Les chercheurs s'invitent dans ta boîte crânienne pour mieux comprendre ce qui se passe...




Avec internet, la pornographie est accessible facilement, rapidement ainsi que de manière anonyme (ça nous évite de nous taper la honte à louer des DVD dans les sex-shops, vive la technologie !). Ce qui entraine une augmentation de visites sur vos sites préférés, #YOUPORN, #PORNHUB !


Techniquement parlant on peut définir la pornographie comme la représentation de contenus érotiques visant à provoquer l’excitation sexuelle des personnes qui la regarde. Une définition qui ne vous était pas venu à l’esprit lorsque vous cherchiez la dernière vidéo de votre actrice préférée. Les jeunes et en particulier les hommes (70% d’hommes contre 20% de femmes entre 18 et 30 ans, ça ne nous étonne pas vraiment, mais bon…) sont les plus concernés par le visionnage d’images pornographiques. Pour certain le porno est un simple divertissement sans conséquence, mais il peut devenir un véritable problème lorsqu’il est accompagné d’une masturbation excessive et qu’il y a un impact sur la vie quotidienne. On parlera alors d’« Utilisation Problématique de la Pornographie » ou pour faire court : UPP.



Addict au porno, vraiment ?


L’addiction à la pornographie a commencé à apparaître en 1970 (mais avant on se faisait plaisir quand même hein !). Tel Peter Pan dans son pays imaginaire : tu t’échappes de la réalité en regardant du porno ! En faisant ça, tu trouves un refuge face à un manque d’affection, aux difficultés que tu peux rencontrer par rapport à ton corps ou encore à divers traumatismes sexuels. C’est en tout cas ce que suggèrent les recherches scientifiques, qui ont associé ce type de problématiques à l’apparition de l’UPP.


Mais, le fait de regarder des images pornographiques à outrance pourraient provoquer, d’après ces mêmes recherches scientifiques, des changements au niveau du cerveau, qui se rapprocheraient de ce que l'on constate chez les personnes qui consomment des drogues dures, comme la cocaïne, l’héroïne, ou l’ecstasy…



Alors concrètement, que se passe-t-il dans le cerveau quand on est addict au porno ?

Le Dr M. Gola et ses collaborateurs (du Swartz Center for Computational Neuroscience, Institute for Neural Computations University of California San Diego) se sont intéressés aux mécanismes cérébraux de la dépendance à la pornographie. Leur étude a été publiée dans la revue Neuropsychopharmacology en 2017. Ils ont observé la manière dont notre cerveau réagit lorsqu’on nous présente de l’argent ou des images érotiques comme récompense. Ils se sont particulièrement intéressés au striatum ventral, une petite zone du cerveau qui a pour rôle de gérer notre motivation à agir notamment lorsqu’il s’agit d’un comportement sexuel ou alimentaire. Plus le striatum ventral s’active, plus notre motivation est forte.



Une étude incluant des participants addicts au prono


83 sujets ont été recrutés, formant deux groupes : un groupe de 57 hommes hétérosexuels souffrant d’UPP et cherchant un traitement pour la réduire, et un groupe de 26 hommes hétérosexuels n’ayant pas d’UPP, et plus généralement pas de trouble d’hypersexualité (tout trouble impliquant une recherche continue et persistante du plaisir sexuel). Leur activité cérébrale était comparée grâce à l’Imagerie à Résonnance Magnétique Fonctionnelle (IRMf), un examen médical permettant d’étudier l’activité des zones du cerveau. Durant cette IRMf, le sujet devait appuyer sur un bouton à gauche quand un triangle s’affichait à l’écran, ou à droite quand il s’agissait d’un carré. Avant l’apparition de la forme, un symbole indiquait quel genre de récompense les participants allait recevoir s’ils réussissaient à cet essai : de l’argent, ou une image érotique. Les chercheurs pouvaient ainsi étudier l’activité du cerveau lors de l’anticipation d’une récompense monétaire ou pornographique, puis un peu plus tard au moment de la réception de la récompense. Les chercheurs s’intéressaient tout particulièrement à l’activité du striatum ventral.



Les chercheurs ont étudié l'activité du cerveau lors de l'anticipation d'une récompense monétaire ou pornographique, chez des hommes souffrant ou ne souffrant pas d'UPP...

Résultat ?


L'étude a montré que le striatum ventral des hommes souffrants d'UPP s'activait plus que celui des hommes ne présentant pas d'UPP lorsque l'indice évoquait une récompense érotique. Cependant, il s’activait de la même manière pour les deux groupes lorsqu’ils recevaient une récompense, qu’elle soit composée d’images érotiques ou d’argent. Ainsi c'est l'anticipation qui différerait entre les groupes, plutôt que le plaisir réellement ressenti au moment de la récompense.



Ca sert à quoi ?


Grâce à cette étude nous sommes donc sur la piste de mécanismes qui entretiennent l'UPP d'un point de vue cérébral. Cela permettra peut-être d'inventer un nouveau mode de prise en charge spécialement adapté à ce type de problème, en apprenant aux persones à modifier l’activité cérébrale d’anticipation avec une technique comme le neurofeedback (exercices que tu fais en utilisant des indicateurs en temps réel de l'activité cérébrale, permettant petit à petit de la modifier localement).


D’autres recherches ont aussi montré que le sexe, l’âge, l’humeur, le fait de se sentir seul, perdu, angoissé #VDM, sont des éléments qui peuvent jouer sur le désir de regarder du porno et le risque d’y devenir accroc.


Et moi, dans l'immédiat, si je suis concerné, je fais quoi ?


Pour tenter de traiter cette addiction, il existe différentes manières de se soigner : on s’est renseigné pour toi et dans d’autres recherches, ils disent que tu peux aller voir un psy, seul ou avec BAE (pour les vieux c’est ton concubin) sinon on peut te prescrire des antidépresseurs.


Être pris en charge le plus tôt possible permettrait de diminuer les risques de devenir accroc au porno ! Aussi, une prévention dès le collège serait intéressante puisque c’est vers cet âge que le corps change avec la puberté (les poils, les pécos, tout ce qu’on aime et qui nous rend si sexy) et que les premières questions sur le sexe débarquent.


Source principale : Gola M., Wondecha M., Sescousse G., Lew-Starowicz M., Kossowki B., Wypych M., Makeig S., Potenza M., Marchewka A., « Can pornography be addictive ? An fMRI study of men seeking treatment for problematic pornography use », Neuropsychopharmacology, n°42, pages 2021-2031, 2017




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