Tu n’as jamais craqué pour une part de pizza, un hamburger ou un soda sans même avoir réellement faim ou soif ? As-tu déjà remarqué que tes habitudes alimentaires te poussaient parfois à manger encore et encore la même chose, au péril de ton équilibre et de ta santé ? Si se nourrir est un besoin primaire pour tous les êtres vivants, nous avons depuis longtemps associé le plaisir à la nécessité ! Et si nous nous retrouvons à manger parfois trop, ou mal, au péril de notre santé, ou au prix d’une petite brioche qui s’installe en bas de notre ventre, c’est que le plaisir n’y est pas pour rien !
Le pouvoir de la junk food
Les comportements liés à l’alimentation peuvent parfois devenir carrément problématiques. En témoignent certains troubles psychiatriques, comme la boulimie, ou le fait que certaines personnes n’hésitent pas à se suralimenter régulièrement d’aliments trop gras, trop sucrés ou trop industriels, et ce pour des raisons qui dépassent la simple faim. Pourquoi nous retrouvons-nous à manger encore des choses que nous savons être mauvaises pour notre corps ?
Comment ces aliments nous rendent-ils accros ?
Des chercheurs de l’Université de Ladoke Akintola au Nigeria, Olakunle J. Onaolapo et Adejoke Y. Onaolapo, ont publié une synthèse des recherches scientifiques en 2017 dans la revue Pathophysiology (revue internationale consacrée à toutes les maladies).
L’addiction à la nourriture est définie comme une consommation excessive d'aliments sucrés, gras ou encore préparés industriellement (la «junk-food» ou «mal bouffe»), associée à une envie extrême de manger, et à une poursuite de ce comportement.
D'où viendrait cette forme d'addiction ?
Les études scientifiques montrent que c’est ton «système de récompense» qui est activé lors de la prise d’aliments, et en particulier d’aliments préparés. Cette consommation active en effet les zones de ton cerveau responsables de la sensation de plaisir, et stimule la production de dopamine, hormone principalement produite lorsque ce système est en route.
Le plaisir de manger est normalement tempéré par la satiété, c'est à dire l'équilibre de ton corps qui te permet de distinguer si tu as faim ou non. La «mal bouffe» et les sodas recèlent souvent une association de sucres, de matière grasses et de plusieurs additifs. Ces composantes stimulent excessivement ton « système de récompense» en surexcitant tes papilles (les récepteurs du goût), et en limitant la sensation de satiété dans tes intestins.
Sucres, matières grasses et additifs surexcitent les papilles et limitent la sensation de satiété dans tes intestins
La sensation de satiété est progressivement réduite par l’exposition répétée à ces nourritures, qui s’accompagnent d’une sécrétion trop importante de dopamine, et trop faible de sérotonine (signal qui permet d'indiquer à ton cerveau que tu es rassasié).
Or la dopamine, c’est ce qui permet à ton cerveau d’enregistrer quelque chose de plaisant, et qui le conduit à partir du niveau de plaisir à te faire rechercher à nouveau cette chose par la suite. Ainsi, plus tu es satisfait, plus tu libères de dopamine, ce qui te poussera… à en vouloir à nouveau !
Ce système est le même pour tout le monde et il est tout à fait utile, mais il peut donc se déséquilibrer. Sur le long terme, l’exposition répétée à la junk food va induire une modification de ton comportement alimentaire. Tu ne ressentiras plus la sensation de faim (le principal suspect dans l'affaire, c’est le grignotage) ou tu auras toujours envie de manger… parfois juste pour manger.
Ce que tu dois donc retenir ici, c'est que les études montrent que la consommation répétée de ces produits est dangereuse à la longue. C'est donc vrai : sucre, gras, junk-food sont des facteurs de risque qui pourraient mettre en jeu ta santé si tu en consommais trop et trop souvent. Mais consommés de temps en temps, ils ne semblent pas donner naissance à une authentique addiction.
Aujourd’hui, on suspecte également de plus en plus les «additifs» que tu trouves dans la composition de ces produits de jouer un rôle important dans ces effets dangereux de la junk food. Certains chercheurs pensent que ce sont eux en particulier qui «trompent» nos sensations et qu’ils ont un effet amplificateur de déséquilibres déjà installés dans notre cerveau. Mais sur ce plan, de nouvelles recherches sont encore nécessaires pour mieux comprendre leur mode d’action.
Source principale : Onaolapo A-Y. & Onaolapo O-J. 2018. Food additives, food and the concept of «food addiction»: Is stimulation of the brain reward circuit by food sufficient to
trigger addiction? Pathophysiology.