Soleil + cannabis x addiction = tanorexie
- Substance
- 12 août 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 août 2020
Si je vous disais que le bronzage a un lien avec l’addiction au cannabis, vous me croiriez ?

En tant qu’adeptes du bronzage, on était les premières à émettre des réserves quant à cette hypothèse. Mais ça c’était avant de tomber sur l’article de M.Miller qu’on vous détailleras un peu plus bas !
Qui n’a jamais passé des heures entières avec (ou sans) crème solaire à se faire dorer la pilule ? A première vue cette pratique n’a rien de dangereux, hormis le cancer de la peau qui effectivement peut causer quelques dommages collatéraux. Reconnaissez qu’au moment de la rentrée, on est bien content d’avoir pris des couleurs pour cacher les cernes des soirées d’été. En résumé, bronzer c’est quelque chose de commun que l’on pratique tous plus ou moins régulièrement (sauf si tu habites dans le nord ou à paris) et qu’on accompagne parfois d’une cigarette ou de quelques verres de vins.
Jusqu’ici rien d’alarmant me direz-vous ?
Et bien figurez-vous que cette pratique anodine peut parfois prendre des proportions inquiétantes. M.Miller et ses collègues du département de médecine préventive de l'Université de Californie du Sud ont notamment démontré qu’il existait une addiction au bronzage ! Cela s’appelle la tanorexie. Mais qu’est-ce que c’est ? Ce sont les personnes qui s’exposent au soleil de manière excessive et ont du mal s'empêcher de le faire. Oui, oui vous avez bien entendu ! Cette addiction semble particulièrement forte chez les adultes qui se rendent dans des cabines de bronzage.
Bon allez assez parlé, passons à l’action.
La recherche dont on va vous parler a été publiée en 2018 dans le « Journal Of Investigative Dermatology » par Miller et ses collègues. Ils voulaient savoir si l'addiction au bronzage concernait aussi les adolescents, et si on la retrouvait plus souvent chez des ados avec des dépendances aux substances psychoactives (c’est le nom compliqué pour dire joint, clopes, bibine) et/ou avec des troubles psychologiques (TOC, dépression, trouble bipolaire…).
Pour cela ils ont recruté une population d'adolescents de 16-17 ans, soit 2637 élèves aux origines ethniques variées (asiatique, hispanique, africain, indiens d’Amérique…). La dépendance au bronzage, les autres addictions (cigarette, cannabis, alcool,...) et les difficultés psychologiques ont été évaluées avec des questionnaires auto-administrés (la personne les remplit seul.e).
Résultats ?
Environ 1 adolescent sur 16 serait dépendant au bronzage, et cette addiction touche d’avantage les étudiants d’origine hispanique. Les chercheurs observent que la tanorexie est en tendance plus forte chez des personnes consommant à des niveaux problématiques de la marijuana, du tabac ou de l’alcool, ou souffrant de troubles psychologiques. En particulier les adolescents qui ont un usage problématique du cannabis ou des symptômes de trouble obsessionnel-compulsif ont beaucoup plus de changes de souffrir de tanorexie.
1 adolescent sur 16 serait dépendant au bronzage [...] et les adolescents qui ont un usage problématique ou des symptômes de trouble obsessionnel-compulsif ont beaucoup plus de chances de souffrir de tanorexie
Conclusions ?
On dirait bien que la tanorexie mérite d'être désignée sous le terme d'addiction, puisqu'elle est souvent associée à un ensemble d'autres problèmes d'addiction ou d'autres problèmes psychologiques. Si un.e de vos amis commence à accorder une importance un peu trop débordante à son bronzage, il est donc possible qu'il ou elle ait besoin d'aide !
Mais cette addiction, d'où vient-elle ? Peut-être des effets du soleil sur notre chimie interne ! En effet s'exposer au soleil augmente la sécrétion d'endorphine, un messager chimique qui a des effets apaisants sur l'humeur. Cela expliquerait que celles et ceux qui souffrent de soucis psychologiques aient plus de chances de tomber dedans : s'exposer leur procurerait un sentiment d'apaisement, si bien qu'ils recommenceraient et recommenceraient, jusqu'à ne plus pouvoir s'en passer ! Un mécanisme qui serait proche de celui qu'on retrouve dans la consommation de cannabis, qui permet aussi à certaines personnes d'apaiser leur humeur au quotidien...
Source principale : Miller KA, Piombo SE, Cho J, et al. Prevalence of Tanning Addiction and Behavioral Health Conditions among Ethnically and Racially Diverse Adolescents. J Invest Dermatol. 2018.
Comentarios